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Alain LAMARE

 
 
 
 
 

 

 

 

 


A.K.A.: "The Killer of Oise"
 
Classification: Homicide
Characteristics: French Gendarme
Number of victims: 1
Date of murder: December 1, 1978
Date of arrest: April 7, 1979
Date of birth: 1956
Victim profile: A 19-year-old woman
Method of murder: Shooting
Location: Chantilly, Oise, France
Status: Found insane on January 14, 1983
 
 
 
 
 
 

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Alain Lamare, né en 1956, est un gendarme français connu du grand public sous le surnom de « tueur de l'Oise » ou de « tueur fou de l'Oise ». Coupable de plusieurs crimes de mai 1978 à avril 1979 dans le département de l'Oise, le fait qu'il soit une des personnes censées arrêter le tueur causera beaucoup de trouble. Arrêté, il est reconnu irresponsable et ne sera pas jugé.

Contexte

Dans l'Oise, c'est alors la « psychose » suite à l'affaire Marcel Barbeault (le « tueur de l'ombre ») qui s'est déroulée quelques temps auparavant.

La progression

En mai 1978, la voiture volée puis abandonnée d'une femme de gendarme est retrouvée dans la forêt de Chantilly avec un plan pour le braquage de la poste de Pierrefonds. Des indices qui se révèleront sciemment laissés par le criminel mettront les forces de l'ordre sur la piste du grand banditisme. Cette trouvaille est rapidement reliée avec l'agression d'une jeune femme de 17 ans à Pont-Sainte-Maxence, puis une voiture piégée qui blessera un gendarme à Creil.

Alain Lamare va jusqu'au meurtre, puisque dans la journée du 1er décembre 1978, il tue froidement à Chantilly une jeune fille de 19 ans qu'il avait pris en stop.

Le tueur nargue les militaires en leur envoyant des lettres manuscrites revendiquant les faits. Pire, il semble montrer une progression dans la gravité de ses actes : deux nouvelles agressions de femmes (une blessée grièvement et une paralysée) et le braquage de la poste de Senarpont. Au total, il sera relié avec certitude à un meurtre et cinq tentatives.

L'homme laisse des indices et des empreintes. On établit des portraits robots mais il arrive à échapper aux forces de l'ordre. Déjà des doutes sur la proximité entre les forces de l'ordre et le tueur sont soulevés, mais rapidement rejetés car la hiérarchie ne peut même pas envisager cela.

L'arrestation

Le 8 avril 1979, suite aux soupçons d'un de ses anciens chefs (style d'écriture et portrait robot) et avec les éléments qu'il rassemble ensuite (il constate que Lamare était systématiquement en repos ou en congé, hors de la brigade, les jours des meurtres ou des vols de voitures), le gendarme Alain Lamare est arrêté.

Lamare servait dans une brigade du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention) de Chantilly et participait même aux enquêtes (il qualifiait par ailleurs le meurtrier de « salaud de tueur »). On se rendra compte après que c'était presque toujours lui le premier arrivé sur les lieux. Il est confondu par ses empreintes et finit par avouer. La fouille de son appartement confirme les faits.

Gendarme et meurtrier

Pour la gendarmerie, cette arrestation est un séisme : l'hypothèse de la culpabilité d'un gendarme avait en effet été évoquée dès le début des meurtres (un style de rédaction caractéristique à la Gendarmerie) mais écartée sans vérification parce qu'impensable pour la hiérarchie. Un général de gendarmerie, la nuit de son arrestation, lui fait signer une lettre de démission pour sauver l'honneur de l'institution.

Impact médiatique

L'affaire du tueur de l'Oise qui occupait déjà les médias, connaît alors un fort retentissement médiatique. Foule et journalistes se pressent le lendemain matin, lors de la perquisition de l'appartement de Lamare en présence de ce dernier. Un accident de la route se produira d'ailleurs dans le cortège des voitures de presse essayant de suivre les voitures de gendarmerie, entraînant la mort d'un adolescent.

Irresponsable

Après une bataille d'experts psychiatriques, Alain Lamare est déclaré irresponsable de ses actes, atteint d'une maladie mentale rare : l'héboïdophrénie (une forme de schizophrénie). Il ne sera jamais jugé et une ordonnance de non-lieu est rendue en 1983. En 2009, il était toujours interné à l'hôpital psychiatrique de Sarreguemines et il était toujours gendarme, sa démission ayant été rendue caduque du fait de sa maladie qui le déclare irresponsable au moment de celle-ci.

Le thème au cinéma

Le thème du « criminel impensable » avait déjà été évoqué en 1970 au cinéma dans Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, un film de l'Italien Elio Petri avec Gian Maria Volonte dans le rôle principal. Cinq ans avant, Costa-Gavras adaptait à l'écran le roman Compartiment tueurs qui évoquait le rôle d'un enquêteur criminel enquêtant sur ses propres crimes.

Wikipedia.org

 
 

L'affaire Alain Lamare

Dossier de Pascal Michel - Affaires-criminelles.com

Etrange véhicule abandonné

En mai 1978, des gendarmes du PSIG (Peloton de surveillance et d'intervention) font une patrouille de nuit dans la forêt de Chantilly. Sur un chemin de terre, au lieu-dit du carrefour des ripailles, ils découvrent une Peugeot 504 abandonnée. Plusieurs vitres sont cassées, apparemment par des coups de feu. Croyant à une affaire de banditisme, les gendarmes alertent l'antenne de PJ de Creil qui est habituellement chargée de ce type de dossier dans l'Oise.

Arrivés sur les lieux, les policiers font les premières constatations et découvrent de nombreux indices: une cordelette qui semble avoir servi à attacher quelqu'un sur un siège, des mégots de gitane blanche, une seringue hypodermique, des papiers de bonbon et de chewing-gum, des douilles et sur le siège passager un mouchoir taché de sang. Dernier élément troublant, les enquêteurs trouvent à quelques mètres du véhicule un plan griffonné à la main semblant indiquer les préparatifs d’un hold-up à la poste de la ville voisine de Pierrefond.

L’identification du véhicule montre qu’il a été volé quelques jours auparavant à la femme d’un gendarme qui avait laissé les clés sur le contact.

Agression de Karine

Deux mois plus tard, un autre évènement se produit à priori sans aucun rapport avec l’affaire de la 504. A Pont Sainte Maxence dans l’Oise, Karine, une jeune fille de 17 ans est agressée à la sortie d’un cinéma. Alors qu’elle rentre chez elle, un homme au volant d’une Renault 12 grenat s’approche et tire sur elle à trois reprises. Légèrement touchée au mollet, elle a juste le temps d’identifier le véhicule de son agresseur. C’est une voiture volée les clés sur le contact.

A l’époque aucun rapprochement n’est établi entre les deux affaires.

Véhicule piégé

Dix jours après l’agression de Karine, un gardien de la paix remarque dans une rue tranquille de Creil une voiture mal garée. Il ouvre la portière et immédiatement une détonation retentit, suivie de l’incendie de la voiture. Le policier est brûlé aux mains et au visage mais s’en sort plutôt bien compte tenue de la violence de l’explosion. Le véhicule, une Renault 12 grenat, était piégé.

Les policiers découvrent qu’il a été volé un mois et demi plus tôt à Martial Doucet, un agriculteur de l’Aisne, qui avait laissé les clés sur le contact. Face à ces similitudes le lien est fait entre ces trois affaires.

Lettre anonyme

Très vite les soupçons des policiers vont se confirmer lorsqu’ils reçoivent au commissariat de Creil une lettre revendiquant le piégeage de la Renault 12 et l’agression de Karine. Les preuves accompagnant ce courrier (notamment la carte grise de la Renault) ne laissent planer aucun doute : Il s’agit bien de l’auteur des faits.

Plus inquiétant, l’auteur de la lettre dit qu’il va recommencer. Pour ajouter au mystère il écrit la phrase suivante: « Karine me connaît mais elle ne pourra jamais faire le rapprochement ». Par ailleurs, bien que la lettre n’évoque pas l’affaire de la 504, le lien est établi par comparaison des empreintes digitales relevées sur les deux véhicules.

A la lecture de ce courrier, Daniel Neveu, inspecteur principal au commissariat de Creil, est frappé par un détail : Le style d’écriture ressemble énormément au langage employé dans un rapport de police ou de gendarmerie.

Parallèlement, l’itinéraire de l’agresseur est reconstitué grâce aux chèques volés à Martial Doucet ; en tout une vingtaine. L’audition des commerçants ayant croisé sa route permet d’établir un portrait robot mais inexploitable car imprécis. En outre les résultats de l’expertise balistique tombent. L’arme de l’agresseur est un Beretta 9 mm court, une arme plutôt rare et appréciée des collectionneurs et des militaires.

Par acquis de conscience, le commissaire de Creil fait une enquête au sein de ses hommes mais aucun emploi du temps ne correspond aux trois affaires.

Nouvelle agression et nouvelle voiture piégée

Malgré les menaces perpétrées dans la lettre rien ne se passe pendant trois mois. Mais le 16 novembre 1978 les gendarmes de Clermont sur Oise sont appelés pour un étrange accident à Fitz-James. Une jeune femme de vingt ans a été renversée par un automobiliste alors qu’elle circulait à vélo.

Le conducteur prend la fuite mais des passants ont le temps de noter le numéro d’immatriculation. Elle correspond à une Peugeot 504 volée sur le parking de la gare de Beauvais, les clés sur le contact.

Deux jours plus tard, la voiture est retrouvée devant la gare d’Orry la Ville par une patrouille de gendarmes. Yonnel Carpentier, jeune gendarme auxiliaire s’approche de la 504 et ouvre la porte passager. Immédiatement la voiture s’embrase, blessant légèrement le gendarme. C’est la seconde affaire de voiture piégée en trois mois.

Bien que l’enquête soit officiellement confiée à la PJ, le capitaine Pineau, de la gendarmerie de Clermont mène sa petite enquête. Il rassemble les photos des délinquants sexuels de la région ; en tout 28.

Braquage à la poste

C’est alors qu’il apprend qu’un braquage vient d’être commis à la poste de Sénarpont. Le voleur s’est enfui à bord d’une Citroën GS volée clés au contact. Il décide alors de présenter ses photos à la postière qui s’arrête à la photo N°6 et lui dit qu’il ressemble à cet homme mais en plus jeune et avec les oreilles décollées. La jeune cycliste renversée à qui l’on présente les 28 photos fait exactement la même déclaration.

De leur côté les policiers poursuivent leurs investigations. Ils découvrent que les empreintes digitales relevées à la poste de Sénarpont sont identiques à celles de la 504 du carrefour des ripailles : Ils ont affaire au même homme.

Premier meurtre

Le 1er décembre 1978, un nouvel évènement dramatique se produit en bordure de l’hippodrome de Chantilly. Des passants découvrent une jeune femme de 19 ans blessée par balle au bord de la route. Elle raconte avant de décéder des suites de ses blessures, qu’elle a été agressée par un homme d’une trentaine d’années qui l’avait prise en stop à Pont Sainte Maxence.

L’expertise montre qu’elle a été tuée par la même arme : un Beretta 9 mm court. De plus un témoin affirme l’avoir vue monter dans une GS bleue, celle-là même ayant servi au hold-up de Sénarpont.

Deux jours plus tard la GS est retrouvée sur le parking de la gare d’Orry la Ville avec le même dispositif de piégeage, heureusement déjoué à temps.

Le 12 décembre 1978, face à l’ampleur que prend cette affaire, les quatre compagnies de gendarmerie de l’Oise sont réunies afin d’être mises au courant de tous les éléments récoltés. Et en lisant la lettre anonyme, le capitaine Pineau fait, sans le savoir, la même constatation que l’inspecteur Neveu. Certaines expressions sont typiquement issues du vocabulaire « gendarme ».

Cependant, malgré ces similitudes, le supérieur du capitaine Pineau ne veut rien entendre et refuse d’enquêter chez les siens.

Agression d’une autre jeune fille

Le 29 décembre 1978, le tueur frappe à nouveau. Il prend en stop Andrée, une jeune fille de 19 ans à la sortie de Compiègne au volant d’un Peugeot 504 verte. Arrivés sur une petite route peu fréquentée, il change d’attitude et lui tire dessus à trois reprise avec son arme. Blessée, elle parvient tout de même à sauter du véhicule et tombe lourdement sur la route. Toujours consciente elle raconte sa mésaventure à des témoins de la scène. A la suite de cette agression elle restera malheureusement paralysée.

Chasse à l’homme

Immédiatement les gendarmes dressent des barrages autour de la zone. Deux heures après l’agression, une Peugeot 504 verte se présente sur l’un des barrages situé sur un pont. Le chauffeur ne ralentit pas et parvient à prendre la fuite. Pourchassé, il doit son salut au passage d’un train à un passage à niveau.

Peu après avoir perdu sa trace, les gendarmes trouvent la 54 embourbée dans une zone marécageuse. Une battue est organisée avec des moyens humains et aériens considérables. Mais il leur glisse encore entre les doigts.

Début 1979, une psychose commence à s’installer dans l’Oise. La population, déjà choquée par la récente affaire Marcel Barbeault, voit ses craintes attisées par la presse qui n’hésite plus à suspecter publiquement les forces de l’ordre.

Quelques jours plus tard, Andrée, sortie du coma, donne une description précise de son agresseur et un portrait robot est publié dans la presse. C’est à ce moment-là que les policiers reçoivent une seconde lettre anonyme.

Dans ce courrier il revendique tous les méfaits pour lesquels il est suspecté et lance volontairement les policiers vers de fausses pistes. En outre il menace de recommencer à nouveau. En janvier et février il ne commet aucun crime mais continue de voler des voitures (cinq en tout). Les enquêteurs traquent toujours sa piste en suivant le parcours des chèques qu’il a volé. Il semble vouloir brouiller les pistes en se déplaçant beaucoup.

Le 17 mars 1979, il vole la luxueuse voiture d’un ancien ministre mais tombe en panne sur l’autoroute. A l’arrivée des CRS venus à sa rencontre il a l’audace de se présenter comme étant le fils du ministre et une fois au garage du dépanneur il s’évapore dans la nature au volant d’une GS marron.

Cette fois des membres des forces de l’ordre l’ont vu de près ce qui permet d’établir un troisième portrait robot beaucoup plus précis qui est publié le 3 avril 1979.

Le maniaque identifié

A la brigade de gendarmerie de Clermont, le maréchal des logis chef Claude Morel croit reconnaître sur ce portrait robot un de ses anciens gendarmes : Alain Lamare, 23 ans. Mais il semble le seul à partager cette idée au sein de la brigade.

Seule sa femme partage son point de vue. Il décide alors de chercher des preuves en comparant l’écriture de la lettre anonyme à celle des PV archivés de Lamare. Et il observe des similitudes troublantes.

Le 7 avril 1979 il décide finalement d’en parler au capitaine Pineau qui ne connaît pas Lamare car il est arrivé à Clermont après sa mutation au PSIG de Chantilly. Morel lui parle également de sa passion pour les armes. Intrigué Pineau prévient Henri Cavalier, le supérieur hiérarchique du suspect à Chantilly.

En vérifiant l’emploi du temps du gendarme ils constatent qu’à chaque évènement il était hors service. Cavalier tombe des nues mais en rassemblant ses souvenirs il se rend compte que c’est le gendarme le plus impliqué dans cette affaire. C’est même lui qui a découvert la plupart des voitures volées.

Ils n’ont donc plus aucun doute ; le coupable c’est Lamare. Il leur reste maintenant à le neutraliser.

A cet instant il se trouve en patrouille lourdement armé et semble contrarié comme s’il se doutait d’avoir été démasqué.

Arrestation du gendarme Lamare

Henri Cavalier décide d’utiliser un stratagème pour le faire revenir à la brigade sans éveiller ses soupçons. Il prétexte une opération sur un camp de gitans pour rappeler toutes les patrouilles.

En arrivant à la brigade, Lamare pose son fusil mitrailleur sur les ordres de l’adjudant Cavalier qui le ceinture au moment où il allait sortir une seconde arme dissimulée dans son trois quart.

Interrogé toute la nuit il nie farouchement mais il est confondu par ses empreintes qui sont identiques à celles relevées dans les voitures volées. La brigade de Chantilly est abasourdie et choquée par cette incroyable nouvelle.

La perquisition à son domicile est prévue à 6 heures du matin. A l’intérieur de l’appartement ils découvrent une multitude de preuves accablantes. Entre autres des armes, des clés et des mégots de gitane blanche alors qu’il est non-fumeur.

A l’annonce de son arrestation vers 13 heures à la radio, une foule de badauds se masse progressivement devant l’immeuble.

Ultime drame

La perquisition s’achève à 16 heures ce dimanche 8 avril. A la sortie de Lamare, c’est dans une quasi-émeute qu’il est installé dans la voiture de gendarmerie. Poursuivi par les journalistes, le véhicule roule très vite et en croisant une fourgonnette deux jeunes en cyclomoteurs sont percutés par une voiture de presse. L’un d’eux, Gérard Bastien, 14 ans, décède sur les lieux de l’accident. Ce sera la dernière victime « indirecte » de Lamare.

Le soir il avoue ses crimes au juge d’instruction mais ce seront ses seules explications. Il s’enfermera ensuite dans le mutisme le plus complet.

Cette arrestation permet de lever le voile sur la mystérieuse phrase de la première lettre anonyme au sujet de Karine : « Karine me connaît mais elle ne pourra jamais faire le rapprochement ». Il la connaissait effectivement puisqu’il l’avait interrogée au moment de son agression et lui avait même promis d’arrêter le coupable.

De plus les anciens collègues de Lamare apprennent qu’ils étaient les suivants sur la liste ce qui achève de les démoraliser.

Pas de procès

Trois ans après son arrestation et après plusieurs expertises et contre-expertises psychiatriques contradictoires, Alain Lamare est déclaré irresponsable de ses actes et ne sera donc jamais jugé. Une ordonnance de non-lieu est rendue le 14 janvier 1983.

En 1988, les familles des victimes obtiendront, près de 10 ans après les faits, des dommages et intérêts mais leurs questions demeureront à jamais sans réponse.

 

 

 
 
 
 
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